Je n'ai jamais été un élève particulièrement assidu.

D'ailleurs, pour l'anecdote, "Lionheart retenue!" sont les deux mots que j'ai le plus entendu durant ma scolarité. La dernière personne à me l'avoir dit, c'est mon ancien prof d'anglais. Mon frère m'a dit qu'après m'avoir eu, il avait démissionné. M'entendre chanter Bali Balo pendant toute la retenue l'aurait traumatisé.

Humpf. Le monde n'est juste pas prêt à découvrir et à reconnaître mon talent.

Dans tous les cas, le fait de recevoir la lettre d'admission pour Asafumi m'a surpris. Parce que bon. Même si j'ai toujours eu des notes correctes, je suis presque sur que mes profs ont mit un "WARNING, élève dangereux pour votre santé mentale" dans mon dossier. Enfin, ils disent ça, mais je sais que le jour où ils ne m'auront plus, je leur manquerais. Ils pleureront toutes les larmes de leurs corps et me supplieront de revenir dans leur classe pour leur faire bénéficier de ma présence lumineuse!

Evidemment, rien ne pourra me faire changer d'avis: je ne retournerais pas au lycée parce qu'une école genre Poudlard qui m'attend, ça en jette encore plus que de sortie diplômer Oxford, Henri IV et Eton réunies.

Même la perspective de peloter le magnifique popotin d'Andrew (Andry-chou pour les intimes) ne me fera pas changer d'avis. Le pauvre n'empêche. A lui aussi, je vais lui manquer. Parce que je sais que derrière son masque de froideur, ses regards noirs et ses "Lionheart, tu violes mon espace vital" ou "plutôt crever que de coucher avec toi", il m'aimait.
Bon, il m'a jamais embrassé et m'a toujours recommandé la pendaison quand je lui faisais mon regard séducteur mais faut pas croire que je l'énervais. Non, non, non. C'était juste de la timidité. Et puis, il devait être tout intimidé. Il a pas l'habitude qu'une beauté comme moi le drague, c'est tout.

Mais je m'égard.

"J'accepte d'aller à Asafumi", ai-je dis.

Et comme par magie, POUF! Je me retrouve largué comme un pigeon perdu dans une boite de sardines devant l'école.

... Ils devraient vraiment revoir leur manière d'envoyer leurs élèves dans leur charmant établissement. Non mais parce que si j'avais été cardiaque, me retrouver ici aussi brusquement, ça aurait été la cause de ma mort!
Et bon, ça fait toujours mauvais genre pour l'école, la mort d'un nouvel élève. Et pourtant, comme dirait Andry-chou en me fixant de son regard de braise, "dieu seul sait que si certains élèves sont encore en vie, c'est uniquement parce qu'il est illégal de les tuer".

Bref. Dans tous les cas, je ne suis pas cardiaque. Donc, je ne suis pas mort. Et c'est tant mieux. Je regarde à droite. Puis à gauche. Personne. Au sol? Mes affaires fourrées à la va-vite dans deux sacs. Devant moi, la grille que je pousse aussitôt. Je ramasse mes sacs et telle une jeune fille en fleur, je pars gambader dans l'école.

Avec un peu de chance, je vais trouver rapidement où je suis censé aller pour signaler mon arrivée.

Au fait, est-ce-que j'ai laissé un mot aux vieux pour leur dire où j'étais et leur demander d'embrasser Kiki, notre poisson rouge, pour moi? Et Andry-chou? Est-ce que je lui ai donné un baiser d'adieu, au moins?
... Je savais bien que j'avais oublié quelque chose. Bof, tant pis. Au pire, Andry-chou s'en remettra, mon frère fera la danse de la joie, Kiki continuera à chercher le sens de la vie dans son bocal et mes parents parieront sur le temps que mettront les profs avant de les supplier de me reprendre à la maison.