Grand-mère. Vous vouliez que je sois quelqu'un de discret. Je crois que ça va être difficile. *
J'étais adossée au mur, comme si mon corps ne pouvait plus soutenir mon propre poids, mes pieds glissaient sur le sol de temps en temps. Je regardait les rainures du carrelage de l'entrée, usées par le passage quotidien des résidents, pressés de rentrer. Depuis combien de temps cette académie existait-elle ? Une légère brise froide est venue caresser mes cheveux et mon visage. Je cherchais des yeux d'où elle provenait. La fenêtre en face de moi était restée ouverte. Mais c'était agréable. Différent de la chaleur qu'on avait en été, qui nous brûlait la peau. Différent du froid dur de la neige qui nous glaçait les doigts.
J'avais quand même retiré le léger pull de mon uniforme pour mettre mon sweat. Il était un peu grand. Les manches surtout. Mais je l'aimais bien. Il était doux, chaud et ça me rassurait. C'était le premier vêtement que je faisais moi même, sans l'aide de Grand-mère. J'en étais très fière. J'avais enfouis le pull et son odeur dans mon sac. J'avais peur de l'ouvrir. Comme si j'avais séquestré quelqu'un dedans et si je l'ouvrais il allait s'échapper. Mais c'était surtout pour essayer de ne pas penser à avant je crois.
Il commençait à faire nuit. On voyait le soleil disparaître derrière les arbres créant ces couleurs rosées sur les nuages. Le temps n'était pas si mauvais malgré la saison. Je me suis mise à fredonner l'air d'une chanson. Une de celle qu'on entend tout le temps à la radio. Cette chanteuse qui avait sorti un nouveau single. Toujours dans le top des ventes. Je l'aimais bien. Comment ça faisait déjà ?
"Killa Killa Killa, lucky lucky lucky, mirai wa odo, Happy Happy Happy." Ou quelque chose comme ça. Un truc qui restait dans la tête.
En arrivant, je m'étais faite incendiée à l'administration car je cite :
"ON NE DORS PAS SUR LE SOL !"Hum. C'est vrai, elle marque un point la. Mais comme si je choisissais.
La petite dame de l'accueil c'est approchée de moi avec un pas petit et rapide. Comme les gens pressés dans les gares, ceux qui courent après leurs trains en vain. Elle était habillée strictement, avec un chignon bien lissé. Comme une femme d'affaire. Enfin. Ça allait avec son caractère je pense. Elle m'a tendu une petite enveloppe.
"- Voilà la clé de votre dortoir ne la perdre sous AUCUN PRÉTEXTE." Wow. C'est quoi son problème à elle ? Pas la peine de crier. Je ne suis pas sourde.
"- Merci." J'ai pris la petite clé argentée et j'ai commencé à monter les marches de l'entrée.
Alors. Elle a dit à droite.
Les couloirs étaient immenses de longs tubes qui s'étalait de façon à ce qu'on n'en voit plus la fin. Ils étaient très décorés. Comme dans les vieux châteaux. Avec des tableaux de personnes importantes semblait-il. Les portes quant-à elle semblaient faites de bois et étaient montées sur des battants peints en doré. Oui. Un vrai château.
Hum. Le deuxième escalier à gauche.
Troisième ou quatrième étage ? Disons quatrième c'est un chiffre rond.
J'ai continué à monter les marches mes chevilles s'épuisaient à force de hisser mon poids sur chacune d'entre elles. Je n'ai jamais été douée en tout ce qui est physique. Sauf en danse peut être. De toute façon, je n'ai jamais été douée pour quoi que ce soit à par les jeux vidéos.
Je posais mon pied sur la dernière marche du quatrième étage. Je me suis arrêtée un instant, j'ai fermé les yeux et j'ai inspiré un grand moment, jusqu'à n'en plus pouvoir. Jusqu'à ce que l'air brûle mes poumons. Et puis j'ai expiré lentement. Pour que mon cœur batte à nouveau régulièrement. J'ai lentement réouvert les yeux et je me suis avancée dans un autre couloir. Tous se ressemblaient. Je me suis approchée d'une porte pour lire sur un panneau qui y était accroché
"Classe 403". Attendez. Il y a vraiment plus de 400 salles de classes ici ? Ou bien c'est juste un chiffre insignifiant ?
L'académie est plutôt grande en fait.
Ah...
Alors. Je suis définitivement perdue. Je me suis arrêtée un instant et j'ai fermé les yeux. Comme pour réfléchir.
*
Ah. Encore. J'entrouvre les yeux. Il y a quelqu'un qui me parle.
"- quesjks dednds tfofos ?
- Hein ?"